Prévention,
santé, jeunesse : une triade normative
Robert Damien
Une des définitions de la philosophie fut de se revendiquer comme
un remède. Sans doute il en est d'autres et elle ne peut plus sans
ridicule se revendiquer telle aujourd'hui ; néanmoins, la philosophie
se proposa longtemps comme soin et consolation à une humanité
dominée par ses passions c'est-à-dire, comme l'étymologie
l'indique, affectée voire infectée par des souffrances qui
paralysent son développement, invalident son dynamisme et souvent
la font se détruire elle-même.
Entre le salut de l'âme et la médecine du corps qui, d'ailleurs
l'un et l'autre, se constituèrent contre elle ou en s'autonomisant
par rapport à elle, la philosophie se donna comme pharmakon d'un
secours et d'un recours. Le préalable de son administration était
toujours, avant de délivrer l'ordonnance et le mode d'emploi de
cette remédiation secourable, d'élucider le mal, d'en prévenir
les développements dangereux, d'ouvrir une voie d'échappement
sinon un échappatoire ou d'arrêter la course vers l'abîme.
Une double voie s'affirma dans cette procédure thérapeutique:
le conseil d'une prévention pour avertir des risques et préparer
un avenir plénier et la promotion d'une "vie bonne",
un "bien-vivre" que la philosophie autour d'Aristote définira
comme "vivre ensemble d'une humanité pleinement humaine c'est-à-dire
excellente". Ce vivre en commun, cette belle vie pleine et entière,
c'est ce qu'Aristote et l'Antiquité appellent la "politique"
c'est-à-dire une vie dans l'espace public se développant
par ses liens avec un tout commun lui-même d'ailleurs intégré
au cosmos harmonieux de la nature.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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