Médecine
prédictive et responsabilité : étude de cas
François Roussel
Si l'on s'interroge sur les modalités institutionnelles des discours
relevant de l'éthique biomédicale et sur leurs éventuelles
implications pratiques, il est préférable de choisir un
angle d'analyse précis, dûment circonstancié, quitte
à élargir progressivement la perspective pour en tirer des
enseignements plus généraux. C'est en tout cas la démarche
que nous avons privilégiée ici, prenant comme matériau
d'analyse l'avis du Comité consultatif national d'éthique
pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) rendu public
le 30 octobre 1995, ainsi que les rapports, scientifique et éthique,
qui l'accompagnent et l'explicitent. Cet avis s'intitule : « Génétique
et médecine : de la prédiction à la prévention
» et il porte sur les conséquences médicales et sociales
des technologies permettant l'accès à l'information génétique
des individus. Il est intéressant d'étudier plus attentivement
ce qu'il dit à cet égard de la responsabilité
et de ses transformations éventuelles, d'autant que c'est un thème
récurrent dans le champ bioéthique et plus largement dans
la philosophie morale contemporaine depuis le livre de H. Jonas sur Le
principe responsabilité. L'analyse qui suit vise moins à
dénoncer des formulations approximatives qu'à en comprendre
les raisons, ce qui permet du même coup de s'interroger sur la nature
d'une institution comme celle du CCNE et sur le type d'"expertise"
qu'elle est supposée produire, même si ses membres se refusent
souvent à être considérés comme tels et insistent
rituellement sur le caractère purement consultatif de
leurs avis et recommandations. Précisons d'emblée ce point,
avant de détailler les éléments les plus significatifs
de l'avis et d'évaluer la façon dont il a été
présenté dans plusieurs journaux de la presse généraliste
ou spécialisée.
(...)
Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version
papier de Cités.
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