Sommaire général
 
  Dossier : Le corps humain sous influence
La bioéthique entre pouvoir et droit
 
 

Ethique et santé publique

Alain Leplège et Philippe Blanc


Introduction

Depuis l'Antiquité, la santé est définie comme le fonctionnement physiologique harmonieux ou l'exercice sans entrave des fonctions de la vie organique. La distinction entre santé individuelle et santé collective date des premiers efforts des Etats pour tenir des relevés de population et des registres des événements vitaux (naissance, mariage, mort) afin de se donner les moyens d'évaluer la santé des populations et de l'idée que les chefs d'état ont le devoir de promouvoir la santé de leur peuple. Montesquieu écrivait dans l'Esprit des Lois que « L’état doit à tous les citoyens une subsistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable et un genre de vie qui ne soit point contraire à la santé ». Une population en bonne santé se reproduit bien, fournit des soldats robustes, de bons travailleurs et des femmes fécondes.
Le terme " hygiène " est l'ancien nom de la discipline qui étudie les conditions de la santé . Il s'agissait d'une discipline largement normative, ce dont témoigne le caractère fréquemment idéologique des traités d'hygiène. Dans une perspective hygiéniste, la santé était appréhendée à la fois comme un équilibre naturel et spontané (conception irénique) et comme lutte contre la maladie et la mort (conception polémique). L'hygiène prescrivait ce qu'il faut faire pour demeurer en bonne santé. On distingue classiquement l'hygiène privée qui relève strictement de la philosophie morale (devoirs envers soi-même pour conserver sa santé), et l'hygiène publique qui relève de la morale et de la politique (devoirs des Etats relativement à la santé des populations).

(...)

Nb : la totalité de cet article est disponible dans la version papier de Cités.